La radioEn direct

Émeute : un court-circuit

13 MARS 2025

Régulièrement, des émeutes se déclenchent en réponse aux violences (mortelles) policières. Que viennent-elles mettre en évidence, visibiliser ? Sont-elles en mesure de faire cesser le cycle de ces violences ? Sont-elles légitimes ? De quelles manières elles opèrent sur le corps social ? Rebattent-elles les cartes des inégalités, de l’injustice qui s’abat sur les quartiers populaires ?

Violences_urbaines_Nahel_Besançon-Planoise_29-06-2023_oufik-de-Planoise_1
Scène de violences urbaines consécutives à l’homicide de Nahel Merzouk, ici dans la nuit du 29 au 30 juin 2023 sur le quartier de Planoise à Besançon. © Toufik-de-Planoise

 “[…] à l’ère de la globalisation des révoltes, l’émeute paraît en être la forme par excellence. La plupart du temps spectaculaires et hyper médiatisées, ces violences collectives se muent en spectacle dans la société du même nom, trop souvent vidées de leurs significations politiques. D’où la controverse sur le terme même d’émeute, loin de faire l’unanimité.”

Voilà bien un mot redoutable tout comme son objet. Pour autant, il n’est pas insaisissable !

Michel Kokoreff est sociologue, à l’université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis. Spécialiste de la banlieue, de l’usage et du trafic des drogues et des formes de militantisme dans les quartiers populaires, il s’intéresse à la sociologie urbaine, la sociologie de la déviance, mais aussi à l’analyse des politiques publiques et des mutations sociales. 

Il vient de publier au éditions Anamosa, dans l’indispensable collection Le mot est faible : Émeute, véritable synthèse, très dense, qui  permet de saisir d’un large coup d’œil toutes les problématiques soulevées par le sujet.

Terrain Social vous signale une somme publiée, en 2021, aux éditions Divergences, La diagonale de la rage, Une histoire de la contestation sociale en France des années 70 à nos jours, mais aussi, Refaire la cité (avec Didier Lapeyronnie) aux éditions du Seuil ou Violences policières, généalogie d’une violence d’Etat aux éditions Textuel.

Comment se saisir de l’objet “émeute” ? Que nous apprend le temps long de ces irruptions,de ces émotions ? Quels sentiments surgissent le temps de l’émeute : rage, joie, jubilation ?

Pourquoi tant d’émeutes ?” s’interroge Michel Kokoreff. La violence/les violences policières, véritable système, sont un moyen de contrôle supplémentaire des populations précarisées, racisées. L’émeute se veut, se vit, comme un affrontement de la police, après avoir cherché à lui échapper -contrôles au faciès, abus de refus d’obtempérer, véritable permis de tuer-. A ce contrôle social physique, les émeutiers répondent par des actions ciblées, bien plus qu’on le croît, opérant un tri dans les cibles qu’ils se donnent. L’émeute vient interrompre le cycle des violences policières, elle fonctionne comme un court-circuit.

Entretien par Hugues Chevarin – Montage par Emma Delaunay

COUV Emeute


Suivez-nous

Abonnez vous à notre newsletter

Restez en contact avec l'Onde Porteuse en recevant toutes nos actualités dans les domaines qui vous intéressent !

Inscription à la newsletter