T’as 6 ans, t’es influenceuse…

À voir samedi 12 avril 2025, sur Public Sénat, un documentaire stupéfiant sur les dérives liées à la surexposition – parfois à la limite de l’exploitation – des enfants sur les réseaux sociaux. La réalisatrice Anne-Marie Avouac est notre invitée.

L’Onde Porteuse – Tout paraît beau dans la vie des influenceurs, mais tout sonne faux ? 

Anne-Marie Avouac – Sur les réseaux sociaux, il faut montrer que le monde est beau, plein de paillettes, et qu’on s’amuse. Il faut toujours sourire et montrer que tout va bien, même si on vient d’apprendre que le grand-père est tombé malade. Ça met la pression sur ces enfants influenceurs. 

Cela relève d’une forme d’exploitation ? 

C’est vrai qu’une avocate avec qui j’ai discuté m’a dit : «mais c’est de l’esclavage», car un enfant ne peut pas dire non à ses parents. Pour Lily-Rose, tout ça peut représenter un travail intense, et elle a quand même toute la famille qui repose sur ses épaules. Le père travaille pour sa chaîne Youtube, le frère, l’oncle et le cousin aussi. Si un jour elle décide d’arrêter, ça va être dur. 

Pour autant, vous ne parlez pas de maltraitance.

Non. Dans les familles dans lesquelles nous avont tourné, il y a même une certaine bienveillance. Quand les enfants en ont marre, on arrête. 

Mais il y a des risques de dérives ?

Aux Etats-Unis, des parents ont perdu la garde de leurs enfants suite à des dérives liées aux pranks, les canulars. Malheureusement, ça commence à venir en France. Jessica Thivenin a récemment fait une vidéo qui est horrible : elle fait semblant d’être aux toilettes, elle appelle son fils qui doit lui donner du papier toilette, et elle le tartine de Nutella ! L’enfant pense que ce sont les excréments de sa mère, son cri est horrible ! La maman sort en disant «ah ah, c’est une bonne blague». Moi, je ne sais pas comment l’enfant va pouvoir se construire avec ça. C’est ultra violent.  

Propos reccueillis par Benoît Bouscarel 

Documentaire à voir le samedi 12 avril à 21h00 – Public Sénat